Économie

Pour un nouveau Supply Chain Design considérant les spécificités du contexte national et le comportement du consommateur Marocain

Mohamed Habib KHAMMALI : Il est opportun de concevoir un nouveau Supply Chain Design prenant en compte les spécificités de notre contexte national mais aussi le comportement du consommateur Marocain

Dans le cadre de ces analyses, l’ingénieur chercheur en Management Industriel, Mohamed Habib KHAMMALI, rédige une réflexion personnelle relative à la reprise économique notamment un nouveau modèle d’industrie nationale.
Mohamed Habib, étant Conseiller du Chef de Gouvernement Parallèle des Jeunes chargé du dossier « Plan d’accélération industrielle », avait proposé cette réflexion dans le cadre du document, Maroc Post-Covid, qui a été présenté par le GPJ au cabinet du Chef de Gouvernement Dr. SAAD DINE ELOTMANI.
Vous trouvez ci-dessous un aperçu de cette réflexion :

« Dans le contexte actuel de la pandémie du COVID-19, et d’après le rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP), du 1er au 3 avril courant, les chiffres sont alarmants et tous les voyants seront en rouge à la fin du confinement. Le tissu économique est lourdement impacté ; 72% TPE et 26% PME sont touchées ainsi plus que 245000 postes de travail perdus. Une grande incertitude règne quant à la reprise d’une vie « normale ». Il est évident, qu’il y aura un avant et un après Covid-19. On pourra parler d’une « nouvelle normalité ». L’échiquier mondial, va être bouleversé. Une nouvelle distribution de cartes. Cette crise, a dévoilé des failles d’un système, qui se croyait performant et solide. Autant d’interrogations quant à l’après-crise : Quel plan de développement économique à dresser ? Quelles stratégies de relance à envisager ?

Il est déjà clair que la reconstitution des communautés et de l’écosystème est devenue un énorme défi une fois le virus a commencé à être maîtrisé. Face à cette situation exceptionnelle, un état des lieux doit être fait. Dégager ensuite les points forts et les faiblesses au niveau économique, financier et social. Afin de dégager des mesures de relance et procéder aux ajustements nécessaires. Des scénarios de prévention sont aussi indispensables pour contrer toute crise de la sorte. Des axes importants sont à développer au niveau de la santé et de l’enseignement. C’est un effort coercitif national qui est demandé à tous les référents de tous secteurs confondus, fédérant l’ensemble des acteurs économiques, politiques et sociaux.
Ces stratégies et politiques de relance doivent prendre en considération le contexte national, ses opportunités, ses contraintes ainsi que le comportement du consommateur marocain. Un certain nombre de mesures pour soulager la trésorerie des entreprises a été mis en place. Réponses en urgence aux difficultés émergentes, qui constituent les premiers symptômes d’une situation évolutive d’une crise certaine en fin de confinement. L’économie nationale a besoin de concevoir une politique d’industrialisation. Parallèlement au secteur agricole, il est nécessaire d’identifier le secteur industriel, comme moteur de développement et de croissance économique, en raison de son immense potentiel de création de valeur ajoutée. On peut prendre l’exemple de la Mauritanie qui vend le Fer à 90$ la tonne, ce dernier se transforme, par des procédés industriels, en acier et se vend à 900$ la tonne. Dans un contexte marocain, on retrouve un contre-exemple ; celui de l’OCP SA qui a pu multiplier ses revenues dernièrement en commençant à produire l’acide sulfurique et l’engrais à base de phosphate. Autrement dit, il est déterminant d’exploiter les ressources nationales, et le capital humain, pour créer de la valeur ajoutée. Il est opportun aussi, de fragmenter les secteurs tout en les reliant, en recherchant en permanence une cohésion de l’ensemble, afin de mettre en évidence les leviers fondamentaux de la compétitivité du processus industriel. L’objectif à long terme, étant d’intégrer les chaines de valeurs mondiales, ce qui ne peut-être atteignable que si les chaînes d’approvisionnement deviennent plus rapides, plus granulaires et beaucoup plus précises ; de ce fait un haut niveau de digitalisation est recommandé.
D’autre part, il est incontournable d’agir sur le système éducatif afin d’initier nos jeunes à l’entrepreneuriat, et leur inculquer la logique de « Making Business » dans l’objectif d’optimiser des programmes entrepreneurials tels que « INTELAKA ». Programme qui a été lancé par sa Majesté le Roi Mohammed VI et qui a permis, jusqu’à présent, la création et le suivi 1090 Start up et 2211 postes d’emplois.

En cette période de crise, la sécurité alimentaire représente une opportunité inévitable pour le Maroc, notre pays peut devenir une plaque tournante pour l’agriculture africaine et la transformation industrielle des produits destinés à l’exportation, catalysant la création d’emplois enrichissants, mais aussi le développement d’un secteur économique clé pour de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Il faut également souligner la nécessité d’une « interdépendance régionale » et d’une «co-industrialisation vers un nouveau paradigme du commerce mondial » après COVID-19. Il faut prendre en considération le potentiel et les spécifications naturelles et culturelle de chaque région afin de mettre en place un système robuste capable d’alimenter une chaine de valeur nationale et rejoindre par après les Supply Chain mondiale.

Le Maroc a, incontestablement, démontré sa capacité à produire localement des masques protecteurs pour sa population en un temps record et à mobiliser ses industries pour soutenir les efforts nationaux de lutte contre le COVID-19.
Selon le chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, la production marocaine de masques chirurgicaux a atteint 10 millions d’unités par jour, avec 73 unités industrielles et coopératives fonctionnant jour et nuit. La production de masques est désormais suffisante pour couvrir les besoins du peuple marocain et exporter vers l’Europe. Ce pic d’activité a été atteint au bout de 6 ou 7 semaines se qui montre l’agilité des industries nationale.

De nos jours, dans un contexte marocain, nous abordons quatre points essentiels : la sécurité alimentaire & l’agriculteur, l’industrie, la logistique, ainsi que l’activité pharmaceutique ».
La pandémie de COVID-19 a frappé le commerce et les investissements mondiaux à une vitesse et à une échelle sans précédent. Les entreprises multinationales ont été confrontées à un choc initial de l’offre, puis à un choc de la demande, car plusieurs pays ont ordonné aux gens de rester confinés chez eux. Les gouvernements, les entreprises et les particuliers ont soudainement eu du mal à se procurer des produits et des matériaux de base et ont été contraints de faire face à la fragilité de la chaîne d’approvisionnement moderne. Le besoin urgent de concevoir des chaînes d’approvisionnement plus intelligentes, plus solides et plus diversifiées a été l’une des principales leçons de cette crise.
En général, la crise sanitaire actuelle a placé toute la filière de la santé et particulièrement le système hospitalier en première ligne et la soumet à une tension extrême. Ainsi toutes ses faiblesses apparaissent au grand jour et l’engagement exemplaire des personnels ne suffit pas toujours à en compenser les failles.

À la lumière de ces évènements que pourrions-nous imaginer et proposer pour rénover et révolutionner en profondeur cette filière pour garantir voire améliorer sa qualité de service en toutes circonstances en la rendant plus réactive, plus adaptative, plus robuste, plus « sereine » pour les soignants et plus « accueillante » pour les patients, en utilisant au mieux les moyens et les compétences disponibles, … ?
Au niveau de l’industrie de la santé, la chaîne d’approvisionnement associée aux produits pharmaceutiques est essentielle pour assurer un niveau élevé de soins aux patients et fournir des fournitures adéquates de médicaments pour pharmacies. En termes de coût, on estime que l’offre représente 25% à 30%des coûts de fonctionnement des hôpitaux. Il est donc essentiel que ce soit géré efficacement pour garantir que les objectifs de service et de coût sont atteints. Les produits pharmaceutiques occupent une place considérable dans le système de santé marocain. Cependant, malgré les efforts déployés jusqu’à ce jour dans le cadre de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques en termes d’économie réalisée (regroupement des achats) et d’assurance qualité, la disponibilité de ces produits au niveau des établissements de santé est préoccupante. Les malades ne profitent pas pleinement de ces efforts.
Dans ce contexte, un certain nombre d’initiatives ont été entreprises au cours des dernières années en vue de réduire les coûts de la chaîne d’approvisionnement et d’améliorer le service client. Les principales améliorations reposent sur la mise en œuvre d’approches juste à temps (JIT). Par la suite, cela a été développé davantage avec l’introduction de systèmes de gestion de stock (WMS). La pandémie de COVID-19 a des effets sur les Supply Chain Globale en produits de santé, qu’il s’agisse de matériels ou de principes actifs essentiels, de produits de santé finis, de la logistique, du transport ou autres. Le Fonds mondial collabore constamment et étroitement avec les fournisseurs et les partenaires pour évaluer l’impact sur l’approvisionnement en produits de santé essentiels et émettre des recommandations à destination des partenaires de mise en œuvre sur la façon de le gérer. Aujourd’hui, avec la situation actuelle de la Pandémie du COVID 19, les hôpitaux dépense de plus en plus en achats publiques. Ces derniers représentent, de nos jours, la deuxième charge de dépense d’un établissement de santé après la masse salariale, ils représentent un enjeu majeur au sein des organismes de santé pour assurer la qualité maximale des soins.

La nouvelle économie immatérielle du Maroc – composée du commerce électronique, de l’intelligence artificielle, l’intelligence collective et la gouvernance des bases de données ; des applications et du contenu Web – joue un rôle central pour faire face à la crise du COVID-19. Après cette periode, les outils numériques aideront le Maroc en tant qu’instruments d’éducation, de diplomatie et d’influence et dégagerons ainsi plus de valeur ajoutée surtout au niveau des industries nationales.
Dans les marchés incertains et turbulents d’aujourd’hui ; surtout qu’on on parle de la période post COVID-19, la vulnérabilité de la Supply Chain est devenue une question importante pour de nombreuses entreprises. Alors que les chaînes d’approvisionnement deviennent plus complexes en raison de l’approvisionnement mondial et de la tendance persistante à «se pencher », le risque des Supply Chain augmente.
L’industrie 4.0 crée une perturbation et oblige les entreprises à repenser la façon dont elles conçoivent leur supply chain. Plusieurs technologies sont apparues qui modifient les méthodes de travail traditionnelles. En plus de cela, les méga-tendances les attentes des clients et les circonstances exceptionnelles comme celle de la pandémie du Coronavirus changent le jeu. Outre la nécessité de s’adapter, les chaînes d’approvisionnement ont également la possibilité d’atteindre le prochain horizon ; d’excellence opérationnelle, de tirer parti des nouveaux modèles commerciaux de la supply chain numérique et de transformer l’entreprise en une supply chain numérique.
Dans les marchés incertains et turbulents d’aujourd’hui ; surtout qu’on on parle de la période post COVID-19, la vulnérabilité de la Supply Chain est devenue une question importante pour de nombreuses entreprises. Alors que les chaînes d’approvisionnement deviennent plus complexes en raison de l’approvisionnement mondial et de la tendance persistante à «se pencher », le risque des Supply Chain augmente.
Nous devons nous attendre à un changement radical, le Monde Post-COVID 19 aura une forte influence sur le supply chain management : une croissance continue des zones rurales dans le monde entier, la richesse se déplaçant vers des régions qui n’ont pas été desservies auparavant. La pression pour réduire les émissions de carbone ainsi que la réglementation du trafic pour des raisons socio-économiques ajoutent aux défis auxquels la logistique est confrontée. Mais l’évolution de la démographie et l’élargissement du concept du télétravail entraînent également une réduction de la disponibilité de la main-d’œuvre.
Pour tirer parti de ces tendances et faire face aux nouvelles exigences, les chaînes d’approvisionnement doivent devenir beaucoup plus rapides, plus granulaires et beaucoup plus précises. Ainsi il est important que les entreprises adoptent les supply chain digitales en tant que partie intégrante du modèle commercial global et de la structure organisationnelle.

D’autre part, les gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement s’efforcent de réaliser les idéaux du Supply Chain Management efficaces, capables de créer et de maintenir un avantage concurrentiel. Cependant, à l’ère de l’allongement des chaînes d’approvisionnement au service des opérations mondiales, la pandémie du Coronavirus nous a rappelé que nous vivons dans un monde imprévisible et changeant. Les catastrophes naturelles, les conflits du travail, le terrorisme, et le spectre de la guerre au Moyen-Orient, ont de graves perturbations sur activités des chaînes d’approvisionnement. Dans ces situations, le « Business as Usual » n’est souvent pas une option.
Aujourd’hui, le défi pour les entreprises est de gérer et atténuer ce risque en créant des chaînes d’approvisionnement plus résilientes.
La résilience implique la flexibilité et l’agilité. Ses implications vont au-delà de la refonte du processus jusqu’aux décisions fondamentales sur l’approvisionnement et la des relations collaboratives de la supply chain basées sur une transparence d’informations.
Le terme résilience définit la capacité à rebondir après un choc. Pour les entreprises il s’agit alors d’affronter une perturbation et à se réorganiser dans les meilleurs délais pour assurer le suivi de l’activité et de minimiser l’impact sur le résultat. Ainsi une Supply Chain résiliente permettra de revenir à un état normal à travers la capacité de la Supply Chain à anticiper les risques et à les prédire, et de réagir rapidement. »

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