Chroniques

Vous dites bien qu’un Marocain est mort étouffé par des agents de sécurité en 2019 ?!

Euh… Pardon ! Est-ce vrai ce qu’on lit dans la presse ? Est-ce vrai qu’un jeune Marocain est décédé l’année dernière, quasiment selon le même schéma qui a causé la mort de George Floyd ? Mais pourquoi n’en a-t-on pas entendu parler, sous le même angle ?

Deux calamités se sont abattues sur le monde quasiment simultanément ! La pandémie et la mort de Georges Floyd, afro-américain, mort asphyxié sous les genoux d’un policier aux USA. Les gens ne parlent que de ça, quasiment au même degré. En termes d’importance, et sous un aspect médiatique, le malheureux décès de George Floyd n’a rien à envier à l’une des plus grandes pandémies qu’a connues le monde. Des émeutes monstres ont lieu pour condamner cet acte affreux et raciste. On voit de tout, du feu, des armes, du sang, des statues qui tombent, des images de quasi-guerre civile. Et là on vient nous informer qu’il y a presque une année un Marocain est mort à très peu de détails près de la même manière dans un centre pour mineurs en Espagne ? Et que non seulement justice n’a pas été rendue, mais qu’effroyable injustice a sans doute été rendue à sa place…

 

C’est ce mardi 9 juin que le média espagnol El Pais a lâché la bombe. Avec une vidéo à l’appui, El Pais vient démontrer qu’Ilyas Tahiri, dans la fleur de l’âge (18 ans), a succombé à l’agression perpétré non pas par une seule personne, mais par six, le directeur du centre privé pour mineurs où il était placé, à Almeria, ainsi que 5 autres personnes, des gardes de sécurité.

 

L’affaire remonte au 1er juillet 2019. En janvier de cette année, le verdict a été rendu. Un non-lieu ! Rien ! Aucune poursuite. Pour la justice ibérique, la mort d’Ilyas est, texto : « un décès brusque accidentel ». Mais qu’est-ce qui s’est passé ?! Comment cette affaire a été étouffée ?! Sur quoi cet étrange juge s’est-il basé pour rendre cet étrange verdict ? Et pourquoi tout cela n’apparaît qu’après le décès tragique de George Floyd ? Et si George Floyd en avait réchappé, cette affaire aurait-elle été enterrée ?

 

Tant de questions sans réponse…

 

Parlons un peu de la vidéo pour comprendre l’énormité de cette affaire. Connu pour être un enfant difficile qui était passé par plusieurs centres d’accueil pour mineurs, le directeur du centre d’accueil où le très jeune homme trouva la mort, ainsi que les cinq gardes précisés, ont du semble-t-il le maitriser. Selon El Pais : « On voit [ces] six personnes emmener le jeune – menotté les mains dans le dos – dans une petite pièce, elles le placent à plat ventre sur un petit lit et lui attachent pieds, mains et torse, et l’immobilisent simultanément en pesant sur lui, qui était sur le ventre pendant tout ce temps ». El Pais précise également qu’Ilyas n’affichait aucune résistance. La scène dure treize minutes… Et est d’une violence effroyable. Ilyas, sur le lit, à plait ventre doit supporter l’un des agents qui appuie à un moment près de sa tête de tout son poids. Et cela est ce qui reste pendant la quasi-globalité de l’enregistrement (13 minutes)…

 

Et non ! Après tout ça, Ilyas ne se relève pas et meurt après, ailleurs. C’est tout de suite après tout ça que l’on découvre qu’il n’a plus de pouls, et qu’on tente sans succès de le réanimer. Et pourtant ce tribunal affirme qu’Ilyas est mort de cause accidentelle… Se basant sur le rapport du légiste, selon qui la cause du décès est l’échec cardiorespiratoire entraînant une arythmie cardiaque. On peut dès lors se demander quels étaient les témoignages des bourreaux, en supposant que cette vidéo n’avait pas été présentée alors au tribunal.  Ont-ils tu la manœuvre criminelle qui a précédé le décès ? L’ont-ils avoué et le tribunal a quand même opté pour ce verdict, ne voyant probablement entre cette torture lente et soutenue et la mort d’Ilyas qu’une coïncidence étrange ? C’est à n’y rien comprendre…

 

Le directeur du centre aurait déposé sa démission, suite à ces éléments nouveaux… Et l’enquête a été ouverte à nouveau ! Ce qui veut dire que sans ces éléments nouveaux, le directeur n’aurait pas déposé sa démission ! Et rien n’aurait changé…

 

Et puis moi quelque chose me dit qu’il a fallu que la mort de George Floyd soit qualifiée d’homicide par un tribunal U.S. pour que la vidéo d’Ilyas Tahiri prenne tout son sens (ou plutôt les pratiques des gardes pour maitriser les individus récalcitrants ou non) et apparaisse longtemps après coup…

 

Mais je peux me tromper !

 

Par Nouamane Rimeh (Nouamanerimeh@gmail.com)

 

 

 

 

 

 

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