Appel Pour une stratégie publique de la culture et de l’art

HONA 24 QARNOUF MAHFOUD

Hona24-Mahfoud Qarnouf

Madame, Monsieur, imaginez-vous un jour vivre sans musique, sans télévision, sans cinéma, sans théâtre, sans livres, sans photos, sans tableaux et sans plats à savourer ? Que feriez-vous de votre journée ? Comment les combleriez-vous?

Nous, Confédération Marocaine des organismes Artistiques et Culturels professionnels, acteurs et animateurs dans différents secteurs de l’économie culturelle et créative, et dans toute la chaîne de conception, de production et de diffusion des œuvres, sommes très concernés.

Nous contribuons tous au socle identitaire de notre société nous produisons des contenus qui consolident la cohésion sociale, la stabilité politique et le sentiment d’appartenance à une seule nation forgée par la convergence de ses diverses composantes arabo-islamiques, amazighe et saharo-hassanie, nourrie et enrichie par ailleurs, à travers des siècles, de ses affluents africains, méditerranéens, andalous, hébraïques.

La culture constitue un droit vital, elle est le fondement de la liberté d’expression, l’intégrateur de la diversité et réducteur des inégalités entre les communautés et les peuples. Elle est par ailleurs, un moyen de partage efficace qui pondère les grands enjeux sociétaux grâce à son aptitude à déclencher des réponses cognitives et affectives à même de fédérer avec force et intensité.

Au-delà du rôle qu’elle joue dans le développement personnel, la culture est de plus en plus considérée comme un moteur de croissance économique. Faut-il le rappeler ?
L’industrie créative a la plus forte croissance au monde, avec une valeur estimée à plus de 6 % de l’économie mondiale avec un effectif de plus de 30 millions de personnes.

Au Maroc, l’absence d’une vision stratégique pour le secteur de la culture et de l’art, la multitude et la dispersion des acteurs, la modestie du budget du département de la culture qui ne représente que 0,25% du budget de l’Etat, la modicité des fonds alloués par les différents bailleurs de fonds, estimés à un peu plus d’un milliard de dirhams par an, la répartition inégale des infrastructures culturelles, la fragilité de l’écosystème culturel artistique sont des obstacles qui persistent et empêchent le secteur d’exploiter pleinement son potentiel ; et dissuadent souvent les investisseurs potentiels de s’engager dans des projets à long terme, limite la participation active à la culture, des personnes économiquement, socialement vulnérables ; et retardent par conséquent l’émergence d’une véritable industrie culturelle et créative nationale.
Malgré la précarité des emplois et des revenus incertains, les industries le secteur de la culture et de la création représente des milliers d’emplois au Maroc, notamment dans les sous-secteurs de la musique, du théâtre, de l’audiovisuel, du cinéma, des arts plastiques et graphiques,
des services et de toutes les activités y afférentes. L’économie de ces industries a, d’ailleurs représenté en Afrique et au Moyen Orient, au cours de ces cinq dernières années une employabilité représentant plus de 2,5 millions de postes et un budget estimé à 3% de la totalité des revenus de ces industries au niveau mondial. C’est dans ce contexte, que l’économie culturelle et créative au Maroc contribue au bien-être général, à l’estime de soi et à la qualité de
vie des individus, contribuant ainsi à un développement durable et
inclusif.
D’ailleurs, la pandémie Covid-19 qui a frappé et paralysé la planète entière a
démontré à toutes et à tous, que la culture et l’art se sont révélés essentiels à la santé mentale, psychologique, affective, morale et comportementale, ainsi qu’une véritable thérapie sociétale qui nous aide quotidiennement à dépasser le stress de notre confinement.

C’est pour cette raison, que notre Confédération considère que les politiques publiques doivent être repensées et réorientées vers les secteurs qui ont démontré leur utilité et leur disponibilité pour la sécurité et le bien-être de notre société en temps de paix comme en temps de crise. C’est pourquoi l’art et la culture doivent aujourd’hui disposer, comme les secteurs considérés comme primordiaux, d’une stratégie visionnaire qui repose sur une approche à la fois économique, sociale, éducative, législative, réglementaire et inclusive, et qui œuvre pour la mise en place d’un écosystème propice à son développement et à sa démocratisation spatiale.

Aujourd’hui, la Confédération Marocaine des organismes Artistiques et Culturels professionnels, est très préoccupée des conséquences prévisibles de la pandémie Covid-19 sur notre présent et notre avenir, en raison de la fragilité de nos modèles économiques. Nous femmes et hommes, acteurs dans le domaine de l’art et de la culture, sommes très inquiets des conséquences sociales et économiques, face à l’impact et aux conséquences que nous sommes en train de vivre et ce ; depuis la mise en place du dispositif du confinement si nécessaire, mais aussi si contraignant.

C’est dans cet esprit, et à travers cette vision, que nous nous unissons et nous appelons tous les acteurs de la culture et de l’art à nous rejoindre pour demander, d’une seule voix solennelle, à notre gouvernement à notre Parlement à nos partis politiques à nos collectivités locales, aux sponsors et bailleurs de fonds, à reconsidérer sans tarder, leur perception et leur politique envers le secteur de l’art et de la culture, afin de renforcer les assises de son écosystème qui génère, faut-il le rappeler une valeur matérielle et immatérielle inestimable et inégalée.

Nous, membres de la Confédération Marocaine des organismes Artistiques et Culturels professionnels : auteurs, compositeurs, chanteurs, comédiens, dramaturges, scénaristes, réalisateurs, comédiens, cinéastes, techniciens, romanciers, poètes, artistes-peintres, chorégraphes, photographes, prestataires de services, acteurs de la société civile ou animateurs dans les différents secteurs et sous-secteurs de la culture et la création, nous souhaitons lancer un débat national élargit afin d’aboutir à l’élaboration d’une stratégie claire et équitable pour le secteur de l’art et de la culture, qui devrait se traduire par des mesures et des actions, à même de hisser ce secteur en véritable levier économique et ascenseur social.

Aujourd’hui, plus que jamais, la Confédération Marocaine des organismes Artistiques et Culturels professionnels a besoin de votre soutien, de votre solidarité, de votre confiance et de votre présence à nos côtés, dans l’intérêt stratégique de développement de notre pays, de l’épanouissement de son actuelle population et de ses futures générations.
Aussi, nous vous saurions gré de bien vouloir, exprimer votre soutien aux
femmes et hommes de l’art et de la culture en signant et diffusant le présent
appel.

CONFÉDÉRATION MAROCAINE DES ORGANISMES ARTISTIQUES ET CULTURELS
Président : My Ahmed El Alaoui

Président du Comité des sages : Abdelwahab Doukkali

Le Président du Syndicat Marocain des Professions musicales :
My Ahmed El Alaoui

Le Président du Syndicat Libre Des musiciens Marocains :
Mahmoud Al Idrissi

Le Président de l’Union Marocaine des Métiers Arts Dramatiques :
Abdekebir Rgagna

Le Président de la Chambre des Auteurs et critiques de Drama :
Abdellatif Nadir

Le Président de la Chambre des artistes interprètes et des Métiers Techniques:
Mohcine Mouhtadi

Le Président de la Chambre des Troupes Théâtrales professionnelles :          Abdelmajid Chakir

Le Président du Syndicat Marocain des Métiers du Cinéma et de l’Audiovisuel;
Jamal Souissi

Le Président de la Chambre Marocaine des Producteurs de Films (61 sociétés)::
Jamal Souissi

Le Président de la Chambre Marocaine des Producteurs d’Audiovisuel (12 sociétés) :
Bouchta Ibrahimi

Le Président de la Chambre Marocaine des Distributeurs des Programmes Audio et Audiovisuels (17 sociétés) :
Ibrahim Ait Benissen

Le Président de la Chambre Marocaine des Fournisseurs du matériel Technique pour le secteur de l’Audiovisuel (16 sociétés) :
Omar Kamili Ben Hamou

Le Président de la Fédération des Festivals Internationaux du Cinéma au Maroc (12 festivals) :
Abdelhak Mantrach