Chroniques

Les patrons cachent leurs salariés dans des véhicules lors des inspections !

C’est un monde ignoble où nous vivons. Et quand l’Etat refuse d’être ferme et de déployer un arsenal juridique à même de dissuader les salauds, on se retrouve parfois devant des patrons qui mettent gravement en péril la santé et la vie de leurs salariés, et celles de régions entières. La faute à qui ? Moi, je dis à l’Etat. Car ces gens, ce genre de patrons, existaient, existent et existeront !

Et voilà, le même schéma qui s’est produit à Lalla Mimouna se produit à Safi. La ville est quasiment bouclée. Et en son sein des secteurs entiers sont en quarantaine. Et toutes les conserveries de poissons ont été fermées. Et tout ça pourquoi ?! A cause d’une seule entreprise : Unimer. Cette puissance donnée aux entreprises sur des régions entières a d’ailleurs été l’objet d’une précédente chronique.

 

Passons !

 

Alors que c’était difficile de se rendre compte de la mauvaise foi managériale des autres entreprises-clusters, dans ce nouveau cas de figure nous avons du… J’aimerais dire « nouveau » mais je pense que ce genre de choses est usité dans de nombreuses entreprises de par le monde actuellement. Unimer bernait les commissions !

 

Quand les membres d’une commission passaient pour leur inspection portant sur le respect des règles sanitaires, on (les managers d’Unimer) emmenait une grosse partie des salariés pour les cacher dans des véhicules. En attendant que les inspecteurs foutent le camp.

 

Imaginez !

 

Imaginez votre patron vous dire « viens ! Viens vite ! », vous, la cinquantaine, et obligé d’obéir pour garder votre poste, « viens, vite ! », sans un SVP, puis vous mener droit à un fourgon pour vous dire de vous cacher. Et si les membres de la commission passaient à côté du véhicule ?! « Plus un bruit ! » ?! « A plat ventre ! » ?! Qui sait… S’ils sont capables du début, pourquoi pas de la fin.

 

Tout est vrai…

 

Voici les propos de Mohamed Mribeh, qui répondait aux questions du média Yabiladi : « Le comité de vigilance s’est bel et bien rendu à l’usine, pour s’enquérir du respect des directives sanitaires et de distanciation. Mais à chaque fois que les employeurs prenaient connaissance d’une visite, ils cachaient une bonne partie des travailleuses dans un véhicule à l’arrière de l’usine, donc tout semblait normal». Mribeh est président de la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Safi.

 

Ne devrait-on pas les traîner en justice rien que pour le dommage moral de ces parties de cache-cache ?!

 

Moi je pense que si ! Et je pense que l’Etat doit revoir sa politique concernant les entreprises qui envoie des centaines de gens à l’hosto. Car y en a marre, vraiment marre ! On ne peut pas laisser des entreprises avoir entre leurs mains le sort de centaines, de milliers, de dizaines de milliers de gens et celui de régions entières. Il faut quelque chose de réellement dissuasif. C’est une nécessité absolue. Nous ne sommes pas dans les télétubbies, messieurs les responsables. Il y a tout plein de patrons un peu partout qui s’en foutent de la santé de leurs salariés comme ils s’en foutent d’une paire de chaussettes.

 

Et il est de votre responsabilité d’établir des sanctions suffisamment dissuasives pour les faire réfléchir à deux fois avant de remplir un fourgon ou une usine de travailleurs. J’entends par là des sanctions pénales… Et des indemnités pour les lieux de travail transformés en foyers.

 

Veiller aux intérêts des patrons, d’accord ! Mais à ceux des salariés aussi… Surtout que les pertes que risquent les protégés ne sont en rien comparables à celles que risquent les non-suffisamment-protégés. Une région entière reconfinée à cause d’une usine qui cachait ses salariés dans un véhicule lors des inspections. Et qui leur donnait un masque par jour, au lieu d’un masque toutes les quatre heures.

 

On vous prend vraiment pour des… On se fout de votre gueule. Car ils se savent ne risquant pas grand-chose.

 

Je répète : les mauvais patrons existaient, existent et existeront ! C’est soit être dissuasif et implacable, soit être le dindon de la farce. Car comment nommer ça, ces salariés jouant cache-cache à la demande de managers ? Dindon de la farce ou non ? Chien qui aboie ?

 

Il n’y a que la vérité qui blesse.

 

Nouamane Rimeh.

 

 

 

 

 

 

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