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Qui sont les « Antifa » que Trump veut qualifier d' »organisation terroriste » ?

Donald Trump a déclaré, dimanche sur Twitter, vouloir qualifier les « Antifa » (antifascistes) d’organisation terroriste. Mais ce que le président américain désigne comme une organisation n’est en réalité, aux États-Unis, qu’une mouvance rassemblant des individus sans leader ni hiérarchie.

 

« Les États-Unis d’Amérique vont qualifier les Antifa d’organisation terroriste. » Dimanche 31 mai, Donald Trump s’est de nouveau exprimé sur Twitter au sujet des manifestations qui secouent les États-Unis depuis la mort de George Floyd.

Le président américain utilise le terme « Antifa » (pour antifascistes) pour désigner les supposés meneurs de ces manifestations organisées dans tout le pays et dont certaines ont été émaillées de violences, notamment à Minneapolis, New York et Washington.

Aux États-Unis, les « Antifa » désignent des individus ou des groupes actifs aussi bien contre le racisme, que l’homophobie ou la lutte contre un capitalisme débridé, à l’image des mouvements Black lives matter ou Occupy Wall Street.

L’antifascisme outre-Atlantique n’a aucune figure de proue, ni hiérarchie, ni structure établie. Le New York Times souligne, par ailleurs, que la mouvance antifasciste s’inscrit dans une « constellation de mouvements militants qui se sont rassemblés ces dernières années pour s’opposer à l’extrême droite ».

« Il est faux de dire que la plupart des gens (…) qui ont causé ces dégradations s’identifient comme Antifa ou antifascistes. Il n’y a aucune preuve de cela », affirme Mark Bray, auteur du livre « L’antifascisme », cité par l’AFP. Pour lui, « c’est une manœuvre de la droite pour délégitimiser ce mouvement de protestation ».

Mark Bray@Mark__Bray

Trump’s pivot to blaming “Antifa” represents a tacit acknowledgement of the underlying legitimacy of the grievances +tactics of the protests. If burning down malls + police stations on their own were sufficient to delegitimize the protests there wouldnt be a need to blame “Antifa

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« La plupart des gens qui manifestent ne cassent rien, mais la proportion de ceux qui participent ou voient ça d’un bon œil semble plus élevée que d’habitude », estime Mark Bray.

Cette mouvance a néanmoins pris de l’ampleur depuis l’élection de Donald Trump en novembre 2016 et encore plus à la suite de la manifestation de suprémacistes blancs organisée en 2017 à Charlottesville (Virginie), souligne l’Anti-defamation league (ADL), une ONG américaine de lutte contre l’antisémitisme et de défense des droits humains.

Sur les réseaux sociaux, seuls quelques groupes se réclament de l’antifascisme. C’est le cas de New York Antifascist, Always Antifascist ou encore d’ANTIFA Philadelphia. « Nous surveillons et faisons face au fascisme, au racisme et à l’oppression de toutes sortes à #Philadelphie et dans le monde entier », écrit le groupe sur Twitter pour décrire son action.

Pour Denis Lacorne, directeur de recherche au Ceri à Sciences-Po, et auteur de « Les frontières de la tolérance » (Gallimard), contacté par France 24, la référence de Donald Trump aux « Antifa » n’est rien d’autre qu’une « entreprise de diversion ». « Trump fonctionne au blâme. Il blâme le camp adverse : les démocrates et ceux qu’il prétend être les Antifa ».

Le chercheur souligne l’existence d’antifascistes aux Etats-Unis mais insiste sur le fait qu’ils ne constituent qu’un mouvement « très informel, dispersé, sans organisation nationale ». « Leur rôle est de contrer la droite suprémaciste aux États-Unis ou de faire des contre-manifestations pour contrer les manifestations de l’extrême droite, comme en 2017 à Charlottesville. Il est plus rare qu’ils aillent dans des manifestations pour attaquer la police », détaille Denis Lacorne.

 

 

 

 

 

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