Monde

Guerre des droits de douane : Nouveaux défis pour le Maroc et l’Afrique dans un monde en mutation.

 

Bachir Ahechmoud,
Agadir, vendredi 4 avril 2025

L’économie mondiale traverse une nouvelle zone de turbulences après l’annonce du président américain Donald Trump d’augmenter considérablement les droits de douane sur les importations de plus de 180 pays, y compris des alliés traditionnels comme l’Union européenne, le Canada, le Japon et la Chine.

L’objectif affiché est de « protéger l’industrie américaine », mais cette décision s’inscrit dans une logique protectionniste stricte, aux conséquences multiples pour les économies mondiales, y compris celles du Maroc et du continent africain.

Cette politique vise à favoriser la production locale, mais elle risque de produire l’effet inverse. Elle entraînera une hausse des prix des produits importés, alourdissant les charges des entreprises et des consommateurs. Même le consommateur américain sera impacté, contraint de payer plus cher des produits auparavant importés de pays à faible coût de main-d’œuvre, comparé aux coûts de production américains. De plus, les chaînes d’approvisionnement mondiales seront perturbées.

Des mesures de rétorsion ne sont pas à exclure. D’ailleurs, des voix critiques se sont élevées au sein même du Congrès américain, y compris dans les rangs du parti républicain. Plusieurs élus se sont opposés aux hausses tarifaires, notamment celles visant le Canada, révélant un début de fracture politique.

La Chine, l’Union européenne et notamment l’Allemagne ont réagi fermement contre ces mesures, les qualifiant d’injustifiées et de dangereuses pour l’équilibre du commerce mondial.

Concernant le Maroc, les droits imposés seraient de l’ordre de 10 %, un taux bien inférieur à celui appliqué à l’Algérie (30 %), la Tunisie (28 %) et la Libye (31 %).

Le Maroc bénéficie d’un Accord de Libre-Échange signé en 2004 avec les États-Unis, ayant permis de porter ses exportations de 2,5 MMDH à près de 18,9 MMDH en 2024. La balance commerciale reste néanmoins favorable aux États-Unis, avec un excédent de 31 milliards de dirhams.

En Afrique, plusieurs pays subsahariens bénéficient encore de l’AGOA, qui facilite l’accès au marché américain. Mais ces avantages sont conditionnés par la volonté politique de Washington, donc sujets à changement.

L’Algérie, dont les États-Unis sont le deuxième client hors hydrocarbures et cinquième partenaire commercial global en 2023, risque de voir ses recettes en devises affectées.

Dans ce contexte mondial instable, le Maroc a renforcé ses liens économiques avec l’Afrique, conformément à la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

La CCIS Souss-Massa, dont j’ai l’honneur de faire partie de son staff dirigeant, s’est inscrite dans cette dynamique à travers des missions économiques au Sénégal en 2022 et 2024, conclues par des partenariats concrets avec les Chambres de Commerce locales.

Même si le Maroc est relativement épargné, les effets indirects restent présents :

-Baisse potentielle de la demande mondiale,
-Concurrence accrue sur les marchés traditionnels,
-Hausse des coûts d’importation de certains intrants,
-Hésitation des investisseurs face à l’instabilité.

Bachir Ahechmoud
Membre élu représentant les professionnels à la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services Souss-Massa

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