Maroc

Le Maroc, face à l’impasse de l’Exécutif Retour à un blocage politique sans précédent

Par: Ismail ALAOUI TAHIRI

En 2016, le leader politique islamiste, Abdalilah Benkirane; Secrétaire Général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), avait été reconduit dans ses fonctions à la tête du gouvernement par le roi Mohamed VI. Le Parti islamiste, pourtant modéré et « royaliste », grand vainqueur des élections législatives du 7 octobre 2016, n’est pas parvenu à former une coalition gouvernementale. Ce qui a entraîné un blocage de l’Exécutif qui a duré plus de six mois.

Un bras de fer extrême
Des tensions et un bras de fer extrême sont survenus lorsque le chef du parti Rassemblement National des Indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, exigeait l’exclusion du parti Al Istiqlal de la coalition gouvernementale et d’étendre la majorité parlementaire pour contenir d’autres formations politiques « alliées » (notamment l’Union Socialiste des Forces Populaires USFP, l’Union Constitutionnelle UC, et le Mouvement Populaire MP)
Alors, et au temps où le leader islamiste s’attendait à une réponse favorable du chef du RNI, un communiqué de presse, publié par ce dernier, le 8 janvier 2017, déclare, devant la surprise de la diaspora politique marocaine, les quatre partis (le RNI, le MP, l’UC et l’USFP) comme forces politiques alliées et que toute convocation de chacune par les islamistes devrait s’adresser simultanément à toutes les autres composantes.
Le communiqué du RNI appelait, dans sa substance, le chef du gouvernement à élargir sa majorité, pour la formation d’un gouvernement fort, conformément au discours du roi prononcé à Dakar (une première par ailleurs).
Un communiqué qui a pour référence un discours royal qui n’a cessé d’appeler à la formation d’une majorité gouvernementale capable de servir les intérêts suprêmes de la nation en renforçant une alliance susceptible de permettre la bonne conduite des institutions du pays durant une conjoncture de détresse géopolitique et d’austérité économique.
Mais les islamistes ont vu cette attitude du RNI de mauvais augure en l’interprétant, dans sa sémantique, comme une tentative de blocage et de pression politique ciblant le PJD et son gouvernement.
USFP et UC ; les partis refusés par Abdalilah Benkirane
Abdalilah Benkirane n’a pas dédaigné répliquer à cette décision du RNI, il a annoncé l’arrêt définitif des négociations avec deux formations politiques, qui sont le Rassemblement National des Indépendants (RNI) et le Mouvement Populaire (MP). Et Il a ensuite jugé les positions des deux autres partis « inacceptables » (USFP et UC) en laissant ses partisans souffler que « le premier ministre ne veut pas du parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP), et de l’Union Constitutionnel (UC) dans sa future majorité ».
Suite à ce blocage politique qui a persisté plus de six mois, un débat constitutionnel s’est déclenché autour des scénarios possibles et surtout l’interprétation de l’article 47 de la constitution stipulant que le roi nomme « le chef du gouvernement du parti politique arrivé en tête des élections ».
Sur le plan économique, plusieurs secteurs sont impactés par ce laxisme politique, notamment les entreprises contractant des marchés publics, ce qui a retardé les paiements et les engagements et a engouffré les investissements étrangers directs IDE dans la perdition et l’attentisme. Cela est provoqué durant une conjoncture nationale sensiblement affectée par les « ondes toujours au chaud » du printemps arabe, les protestations du mouvement du 20 février et les ébullitions institutionnelles et sociales qui ont provoqué les réformes constitutionnelles de 2011.
Enfin, le roi Mohamed VI a nommé, le numéro deux du parti du PJD, Saadeddine El Othmani, Premier ministre à la place de Benkirane. Le nouveau chef du gouvernement a accepté les conditions de formation de la coalition gouvernementale des deux partis que son prédécesseur avait refusées.

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