Chroniques

Les traiteurs refusent de rembourser les acomptes !

Comme dirait mon grand-père, c’est la Siba… Les traiteurs, à travers l’organisme qui les fédère, viennent de signifier qu’ils ne rembourseront pas les acomptes perçus pour des prestations qui devaient avoir lieu en période de confinement, celles qui ont été reportées, mais également celles qui ont été annulées. Et ils disent ça comme si c’était normal… Comme si tout le monde comprendrait ! Comme si ce n’était ni injuste ni abject…

 

A en croire la vice-présidente de la Fédération marocaine des traiteurs (FMT), Laila Benjelloun, ils sont obligés de faire ça, « sinon, c’est la ruine garantie pour tous les traiteurs au Maroc. Tous les évènements prévus en juillet-août ont été reportés à septembre et octobre. Et entre demandes de remboursement des frais avancés et le casse-tête d’organiser les reports, nous rencontrons de nombreux problèmes actuellement », a déclaré cette dernière au média Le360.

Les agences de voyage et les transporteurs refusant de rembourser, appuyés par la loi (!!!), et là les traiteurs qui s’y mettent aussi. Et le consommateur dans tout ça ! On y pense ?! En Europe ces choses-là ne sauraient être permises. Mais ici, si !

C’est vrai qu’ils ont été impactés par la pandémie, mais les consommateurs aussi. Et si cette annulation pouvait aider une famille à joindre les deux bouts, ce même acompte, à payer deux mois de loyer,  et si ce voyage pouvait couvrir des frais de santé, des dépenses imprévues, l’absence de primes… pourquoi on ne pense pas au consommateur, pourquoi ? N’y a-t-il que les entreprises qui soient impactées ?

Et supposons même que le consommateur se porte comme un charme, mais qu’il a payé pour un mariage dont il ne veut plus, ou un anniversaire, ou juste par pur principe, il veut un remboursement par pur principe ! Le traiteur n’a pas pu honorer son contrat  à cause du confinement ou de la température, et le client veut être remboursé. C’est son droit, non ?! Comment peut-on oser défendre des entreprises qui refusent de rembourser une prestation qu’elles n’ont pu honorer ?

Et ça pleurniche par-ci par-là, sur les stocks de nourriture entre autres, qui risquent de devenir impropres à la consommation et bon à jeter, et sur la non-visibilité future des dates possibles pour des évènements… Mais qu’est ce que le consommateur en a à ficher ?! Rendez-lui ses sous !

Vous ne pouvez pas choisir de léser un autre au lieu d’être lésés vous ! Cela n’a pas de sens… « Car je peux être lésé je me réserve le droit de léser un innocent… ! » C’est ça votre logique ?! Car vous risquez la ruine, vous ne remboursez pas !

La vice-présidente a cité dans son interview une sorte de dialogue avec un client. Ce dernier aurait demandé qu’on lui rende son acompte car il n’y a pas de visibilité et la vice-présidente lui répond : « Nous non plus nous n’avons pas de visibilité ». Avant d’affirmer que tous les traiteurs se sont mis d’accord sur le fait de ne pas rembourser les acomptes. C’est vraiment du n’importe quoi !

Pour faire bref, si vous annulez un évènement car la date était en soi importante, par exemple, vous avez intérêt à en organiser un autre, ou vous perdez votre acompte ! Et tous les traiteurs de la Fédération sont d’accord sur ça ! On dirait qu’ils légifèrent et que tout le monde est soumis aux lois qu’ils édictent !

Si la pandémie n’est ni du fait du client ni de celui de l’entreprise, l’entreprise ne peut garder l’argent de la prestation qui, en soi, n’aurait pas pu exister ! Imaginez pour comprendre que l’Etat dise que dans 6 mois il y aura un confinement, les entreprises pourraient-elles vendre des prestations qui auront lieu durant ce confinement ? Non, bien-sûr ! Mais supposons qu’elles le fassent quand même, le client pourrait-il être remboursé ? L’entreprise pourrait-elle dire au client non je ne rembourse pas car c’est à cause du confinement ?! Bien-sûr que non… Eh ben c’est ce qu’elles font ! Elles refusent de rembourser une prestation impossible sous prétexte que cette impossibilité n’est pas de leur faute. Comme si elles avaient perdu quelque chose à l’achat par le client de cette prestation…

Mais non ! Aucun avion n’a décollé vide… Pourquoi le client devrait-il participer aux pertes et à l’obligation d’inactivité de l’entreprise?  Si l’océan disparait, les navigateurs pourraient-ils garder les prix des billets en attendant que l’océan revienne ? C’est vraiment à vous rendre fou, ce genre de logique…

Il va falloir sérieusement commencer à penser aux consommateurs et aux bonnes pratiques dans les relations commerciales ! Ces dernières laissent vraiment à désirer…

 

Nouamane Rimeh (Nouamanerimeh@gmail.com)

 

 

 

 

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