Chroniques

Du vaudou à la Chambre de commerce de Rabat

On aura tout vu ! Un influent média de la place, appartenant à l’un des plus grands groupes de presse du Royaume, vient de rapporter une étrange affaire : De la sorcellerie, dans une chambre de commerce, d’industrie et de services. Rien que ça ! Et pas que !

Les employés de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Rabat-Salé-Kenitra feraient dans leur froc, à en croire le média Assabah. Rien n’y va plus. Une sorcière y a établi ses quartiers. Elle aurait même jeté un sort au président de ladite Chambre, cité nommément par le média en question. Celui-ci lui aurait donné « carte blanche », alors qu’elle vient à peine d’être recrutée. Carte blanche pour quoi ? Le média ne le précise pas. Probablement pour tout, est le sous-entendu. Entièrement charmé, le président, et pas dans le bon sens, selon ce qu’on peut comprendre. Abracadabrante situation !

 

Mais comment une affaire aussi grotesque est-elle parvenue à nos oreilles, au travers d’un média sérieux ?  Tout a commencé quand une femme de ménage a, en s’affairant à ses tâches, découvert ce qu’elle semble avoir immédiatement reconnu et qualifié comme de la sorcellerie : Un bocal dégageant une odeur pestilentielle et contenant, tenez-vous bien : une tortue découpée en morceaux ! Pour elle, cela ne faisait aucun doute. C’est de la sorcellerie et cela explique les récentes montées en puissance et en grade officieuses de la sorcière employée. Mais comment savait-elle que c’était elle ? A-t-elle un chapeau de sorcière et un gros bouton sur son long nez crochu ainsi que trois longs poils de barbe? Le média ne précise pas tout cela. Mais tout ce beau monde incrimine tout de même une seule et unique personne : l’employée recrutée récemment (le média spécifie d’ailleurs que selon ses sources elle a été recrutée de manière douteuse).

 

Et voilà la femme de ménage partant en croisade contre les mauvais djinns et la méchante sorcière qui les a invoqués en découpant une pauvre tortue dans un bocal rempli de je-ne-sais-quoi de malodorant.  La fée du logis a averti tout le monde dans la CCIS, avec « preuves à l’appui » !  Mal lui en aura pris: Elle, ainsi qu’un agent de sécurité privé, ont été renvoyés. Qu’a fait l’agent de sécurité ? On n’en sait rien. Peut-être appuyer la dénonciatrice…

 

Mais cette dernière n’en est pas restée là. Elle avait des « preuves ». Des photos (de bocal et de reptiles découpés) ainsi que des descriptions orales des odeurs qui en émanaient. Et elle compte bien se faire réembaucher ou être indemnisée pour son licenciement abusif, licenciement car elle a osé pointer du doigt la Maléfique marocaine. Et c’est ainsi qu’on apprend que la Chambre de commerce, d’industrie et de services de la région de Rabat-Salé-Kenitra s’est quasiment transformée en hutte de Miss Tick après l’arrivée récente d’une sorcière sous-entendue comme aguerrie, une sorcière qui n’a pas tardé à ensorceler et le président de la CCIS (de la Capitale tout de même) et certains autres cadres influents, parvenant ainsi à tisser sa toile avant d’en expulser celle qui l’a démasquée (et un agent de sécurité dont on ne sait rien). Et c’est aussi ainsi qu’on apprend que tous les employés de la CCIS de Rabat-Salé-Kenitra ont la chochotte.

 

Non ! Ce n’est pas une blague ! Ils ont tous peur… Ils ont même signé une pétition et écrit une plainte en annexe des preuves fournies par la femme de ménage en vue de proposer l’affaire à la justice. Oui ! Devant la justice…  « Beaucoup des membres de la Chambre craignent que l’employé incriminée leur jette un sort », noir sur blanc écrit par Assabah.  Et publié en une, sur le site.

 

Le média en profite par ailleurs pour énoncer une autre affaire, toujours dans la même CCIS. Il paraît que le président a annulé les résultats d’un concours de recrutement (pour des postes dont la CCIS n’a nul besoin ni place) avant d’en organiser un autre. Et dans ce dernier ont réussi des proches du président en question, des proches qui avaient échoué lors du concours annulé. Oula !

 

La question qui se pose est : Est-ce que ce n’est pas une chambre de commerce comme les autres ? Ou en est-ce une ?

 

Nouamane Rimeh

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