Maroc : Quand les ressources minières dessinent l’avenir d’un pays
Par Bachir Ahechmoud – Premier Vice-Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de la région Souss Massa.
Soucieux de valoriser au mieux les richesses naturelles nationales, notamment celles liées aux ressources minières stratégiques, la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de la région Souss Massa accorde, depuis plusieurs décennies, une attention particulière à ce secteur.
Ce positionnement s’est concrétisé dès l’année 1999, lors d’une session ordinaire de la Chambre tenue à Taroudant et entièrement dédiée au thème : « L’investissement minier et son impact économique sur la région ».
En tant que membre élu de cette institution depuis plus de 32 ans sans interruption, je ressens aujourd’hui le devoir de contribuer à nouveau à ce débat stratégique, à travers une réflexion ouverte sur les richesses minières du Maroc et leur rôle dans les mutations économiques mondiales.
Dans un monde en pleine transition énergétique et numérique, les métaux stratégiques sont devenus les piliers des industries du futur. Le Maroc, bien qu’il ne dispose pas de réserves pétrolières ou gazières significatives, a su bâtir sa stratégie autour d’un sous-sol riche, varié et encore largement sous-exploité.
Le phosphate, dont le pays détient les premières réserves mondiales, n’est plus seulement destiné à la production d’engrais, mais alimente aujourd’hui des projets innovants comme les batteries au lithium-phosphate. Le cobalt, les terres rares, l’hélium, l’or et le cuivre viennent compléter ce tableau de ressources critiques.
La stratégie marocaine est étroitement liée à son choix d’investir dans des secteurs industriels à forte valeur ajoutée : automobile, aéronautique, énergies renouvelables, électronique… qui nécessitent tous des intrants miniers sophistiqués. D’où la nécessité d’une politique d’intégration minière cohérente et ambitieuse.
La région de Souss Massa, avec ses provinces riches en gisements (Tiznit, Taroudant, Tata, Chtouka Aït Baha), incarne ce potentiel. L’État modernise parallèlement le cadre législatif du secteur et favorise l’investissement durable tout en intégrant les enjeux environnementaux.
Avec une contribution de 35 % aux exportations nationales et 5 % au PIB (en 2011), le secteur minier marocain est un pilier économique avéré, mais ses marges de progression restent importantes, notamment à travers la transformation locale et l’ouverture à de nouveaux acteurs.
À l’approche de la fin de mon parcours au sein de cette institution, que j’ai servie avec honneur et constance durant plus de trois décennies, je forme le vœu sincère que la Chambre poursuive son rôle moteur dans la réflexion stratégique et la valorisation de cette richesse nationale.
Je souhaite également qu’elle continue à plaider en faveur de la simplification des procédures d’investissement dans ce domaine, en particulier pour les jeunes entrepreneurs issus des grandes écoles spécialisées, telles que l’École Nationale Supérieure des Mines de Rabat. Il est temps que leur ambition trouve un véritable terrain d’expression et de création, au service de la nation.
Il devient urgent d’encourager l’accès des jeunes à ce secteur, qui reste jusqu’à présent largement dominé par de grandes entreprises disposant de capitaux importants. Le Maroc a besoin d’une politique équitable et ouverte, permettant à ses jeunes talents d’investir le champ minier, dans une perspective d’inclusion économique, de développement régional et de souveraineté industrielle.
En guise de conclusion, je souhaite que cette réflexion puisse ouvrir un espace de dialogue et de pensée collective, convaincu que l’avenir minier du Maroc ne peut se construire que dans la convergence des visions, le partage des responsabilités et la valorisation des compétences de ses filles et de ses fils, au service d’un projet national juste, inclusif et ambitieux
Rédigé à Tarast, le mardi 1er avril 2025
Bachir Ahechmoud
Premier Vice-Président de la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de la région Souss Massa
