Wow ! L’ONCF s’excuse auprès de son aimable clientèle pour les désagréments causés par un suicide !
On aura décidément tout vu. Un homme vient de se jeter devant le TGV et l’ONCF a présenté ses excuses aux passagers pour ce mauvais moment qu’ils ont eu à passer à cause de cet homme-là… Cela effraie !
Quel étrange esprit a concocté ce communiqué mis dans la page officielle de l’Office ?! C’est la question qu’on se pose en lisant certaines lignes qu’il contient. Mettons-le donc en intégralité, partie par partie :
« Le 27 Juin 2020 vers 16h10, le train Al Boraq 2041/2042 reliant Tanger et Casablanca s’est arrêté d’urgence entre Tanger-Ville et Aqouass Briech après avoir heurté un homme qui s’est introduit indûment dans l’emprise ferroviaire pour se mettre volontairement sur la voie », est le premier paragraphe. Notons le « indûment » utilisé. On parle encore d’un homme mort, oui ! Notons également le « volontairement ». L’Office tient à faire remarquer à son aimable clientèle que ce n’est pas un meurtre, ni… Oui ! L’Office insiste pour qu’on sache que ce n’est pas… un accident ! Wow !
Poursuivons !
Le deuxième paragraphe : « Ce déplorable accident a causé une perturbation du trafic ferroviaire sur cette ligne, le temps de l’intervention des sapeurs-pompiers ». En gros, le train a dû rester à l’arrêt, c’est obligé, les sapeurs-pompiers vous savez. Et dès que les sapeurs-pompiers vous savez et tout ça, le train est reparti. Juste, à nouveau : Wow !
Et le troisième, le troisième paragraphe, le meilleur pour la fin : « Tout en regrettant ce triste accident, l’ONCF tient à présenter ses excuses à son aimable clientèle pour les désagréments subis ». C’est évident que vous regrettez. Mais pour quelles raisons au juste ?!
Résumons le tout, c’est moi l’ONCF : Le magnifique Al Boraq a dû s’arrêter après avoir été utilisé par un homme pour son suicide. Personne ne l’a poussé et il n’a pas trébuché, c’est lui qui a voulu mourir, il est unique responsable. L’homme était sur les lieux de manière illégale, ce n’est pas notre faute s’il était là. Nous avons dû laisser les sapeurs-pompiers s’en occuper, accusant ainsi du retard. Ce n’est pas de notre faute, non plus. Et nous nous excusons car notre aimable clientèle a souffert de désagréments en rapport avec tout ça. C’est bien résumé ?! J’en palis de frayeur… Réellement. Je suis choqué, extrêmement choqué.
Et je me pose des questions !
Pourquoi ce ton, cet angle ?! Comment osez-vous vous excuser des désagréments causés par la mort d’un homme à votre aimable clientèle ? Est-ce que cela se fait usuellement par les grandes structures ?! Si un homme se suicide en se jetant du balcon d’un hôtel, l’établissement s’excuse pour la gêne occasionnée à sa prestigieuse clientèle ?
Les pauvres…
En lisant tout cela, j’ai vraiment eu l’impression que l’ONCF parlait d’un mouton, ou d’une vache. D’un chien même… Et que les seuls moments où on sent que c’est vraiment d’un humain qu’il s’agit, c’est pour lui faire porter le chapeau de ses actes, pour déresponsabiliser l’ONCF, et cela a été fait de manière très claire et concise.
Comme un télégramme.
Un homme est mort sur les rails. Bip. Al Boraq l’a percuté. Bip. C’est pas nous. Bip. C’est lui. Bip. Avait rien à faire là. Bip. Personne ne l’a poussé. Bip. Il a pas trébuché. Bip. Il s’est jeté. Bip. Retard à cause des pompiers. Bip. Nos excuses. Bip.
Vous devriez sérieusement vous excuser de ce communiqué plutôt. Et laisser la Police révéler les résultats de l’enquête. Et juste expliquer le pourquoi du retard, sans vous en excuser. Un homme est mort ! Et on ne s’excuse pas d’un retard causé par la mort d’un homme. On déplore juste sa mort et on constate le retard.
Mais c’est moi qui dis…
Nouamane Rimeh.