Le Lycée Lyautey : Déscolarisez vos gosses si vous avez des problèmes d’argent ! Pas de réduction !
Il fallait y penser ! L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger et les parents d’élèves étaient, à peu près depuis le début du confinement, dans un sérieux bras de fer. Les parents d’élèves demandaient une réduction des montants de scolarité dus, de l’ordre de 30 à 50%, légitimant cela par le confinement et ses répercussions sur les familles des élèves scolarisés, mais aussi par la qualité amoindrie de l’enseignement devenu à distance, ainsi que la diminution des charges des établissements d’enseignement eux-mêmes.
Mais c’est finalement un niet que les parents auront en réponse, ainsi qu’une demande de régler au plus tôt les frais du troisième trimestre, sous la menace d’une impossibilité d’inscrire le ou les enfants dans l’établissement l’année suivante. Voyez ce que dit le proviseur du Lycée Lyautey, aux parents d’élèves, dans une lettre : «je vous demande d’en effectuer le paiement dans les meilleurs délais car la facturation des droits de scolarité du 3e trimestre ne sera pas modifiée».
Et le Monsieur parle de (gros) sous : « appliquer une réduction générale à l’ensemble des responsables, quelle que soit leur situation financière, mettrait non seulement l’établissement en difficulté (30 % de réduction sur les droits de scolarité du 3ème trimestre représenterait une diminution de 30700000 DHS des recettes ce qui nous pousserait à prendre des décisions ayant un impact dévastateur sur le fonctionnement des établissements) mais laisserait aussi certaines familles sans autre choix que de déscolariser leur enfant (la réduction, quelle qu’elle soit, n’arrangeant en rien leur situation) ».
Relisons ça en utilisant un microscope, ça vaut le détour. La réduction générale est à proscrire ! Car… Il y a des gens tellement riches que ce serait bien bête. Lisez : « quelle que soit leur situation financière ». C’est-à-dire qu’on ne parle même plus de ce qui doit être fait ou non, mais de qui est le client. Oui, client ! Pourquoi utiliser le terme « parent d’élève », ce sont des commerces. Les parents d’élèves ne sont que des clients. Et le service est cher…
Notez d’ailleurs ce que les 30% de réduction occasionneront ! Une diminution, messieurs-dames, de 30.700.000 DH des recettes. N’oubliez pas que c’est seulement pour un trimestre. Multiplions tout ça par trois ! Pour arriver aux cent pour cent. Puis par trois à nouveau, pour arriver à une année scolaire. Sans oublier les frais d’inscription. Fichtre ! C’est très rentable, dis donc ! C’en est même insolent… Mission ?! Commerce éducatif conviendrait mieux… Pensez-y ! Non, non ! Je suis sérieux !
Passons à autre chose ! On parle aussi dans la lettre de pas d’autres alternatives, dans certaines conditions, que de déscolariser l’enfant ! C’est un peu vague, cette manière dont c’est formulé. C’est quoi le rapport ?! Les 30% en moins vous obligeraient à revoir le budget de fonctionnement « mais laisserait aussi certaines familles sans autre choix que de déscolariser leur enfant (la réduction, quelle qu’elle soit, n’arrangeant en rien leur situation) ». Que voulez-vous dire par là ? Pourquoi 30% de frais de scolarité en moins laisseraient certaines familles dans l’obligation de déscolariser l’enfant ? Ils n’aiment pas les réductions ? Le fonctionnement sera tellement appauvri qu’ils fuiront ?! Ou est-ce le fameux truc entre parenthèse ? « La réduction, quelle qu’elle soit, n’arrangeant en rien leur situation ». Si c’est ça, insinué ainsi, c’est une catastrophe… Vous osez dire que même 30 pour cent de réduction n’arrangeraient pas les familles qui ont des soucis financiers actuellement et que donc il n’est pas envisageable d’étudier une réduction générale, et il conviendrait que les familles envisagent plutôt de déscolariser les gosses ? J’espère vraiment que ce n’est pas cette énormité que vous avez dit… J’espère que vous n’avez pas dit que vous refusez la réduction car si des personnes ont été appauvries par le confinement alors même 30% de réduction ne sauraient leur éviter de déscolariser leur enfant… Ce serait vraiment monstrueux comme argument !
Une mère d’enfant, scolarisé là-bas, et cité par Le360, semble avoir également compris que c’est bien l’énormité dont je viens de parler qui a été le plus naturellement du monde dite par ce proviseur : «Je n’ai même pas besoin de lire entre les lignes. Ce que nous dit ce monsieur c’est qu’étant donné que cette réduction ne vous sauvera pas de la banqueroute qui vous menace, autant vous faire payer plein pot! On savait que ces gens-là ne font pas de cadeau, mais un tel degré de mauvaise foi est juste dégoûtant et décevant. Que ce monsieur le sache, je ne vais pas attendre qu’il déscolarise mon fils, je le déscolarise moi-même de ce pas!».
Abject ! Abject !
Quoi qu’il en soit, les établissements concernés préfèrent jouer la carte des bourses scolaires et des aides aux familles plutôt qu’envisager une réduction. Et pour eux, c’est « un principe de solidarité »…
On voit bien que ce sont des pros de la solidarité… Déscolarisez vos gosses si vous êtes devenus fauchés ?! C’est super solidaire tout ça ! De la bouche du proviseur de l’un des plus importants établissements ?
Nouamane Rimeh (Nouamanerimeh@gmail.com)