Les implications de la reconnaissance internationale de la désinformation climatique : le regard de l’association française Solutions Nature

Mohammed TAFRAOUTI*
Au cours des dernières années, la désinformation climatique est devenue l’un des défis les plus graves auxquels fait face l’action environnementale mondiale. Son influence s’est intensifiée sur les plateformes numériques et les médias, déformant les faits scientifiques et perturbant l’élaboration des politiques climatiques. Cette problématique a occupé une place notable à l’ordre du jour de la COP30, où la gravité de l’information trompeuse et son rôle dans l’entrave aux efforts de réduction des émissions ont été reconnus pour la première fois. À cette occasion, nous avons interviewé Mohcin Mansour, directeur et fondateur de l’association française Solutions Nature, qui œuvre à promouvoir les solutions fondées sur la nature pour un développement durable, afin d’éclairer la portée de cette reconnaissance et d’explorer comment la société civile peut renforcer l’intégrité de l’information dans la lutte climatique.
Entretien sur la désinformation climatique et les résultats de la COP30 avec le directeur et fondateur de l’association Solutions Nature, docteur en droit public.
Question 1 :
Comment évaluez-vous, au sein de l’association Solutions Nature, la décision de la COP30 reconnaissant officiellement la désinformation climatique et établissant des mécanismes pour la sanctionner ?
Réponse :
Selon Solutions Nature, il est tout d’abord encourageant de voir enfin reconnaître l’importance du droit d’accès à l’information dans le secteur de l’environnement. Et il est aussi pertinent de voir la communauté internationale reconnaître la désinformation climatique comme un obstacle majeur dans leurs efforts au quotidien pour protéger l’environnement. C’est une étape historique, car la déclaration établit un lien entre la responsabilité des acteurs qui diffusent de fausses informations et les effets qu’ils provoquent en freinant les politiques climatiques. Les décisions prises à la COP30 ouvrent la voie à la communauté internationale, à la société civile – comme notre association Solutions Nature – et au secteur privé pour une mobilisation internationale coordonnée visant à garantir une information sur le climat fiable et transparente. Pour Solutions Nature, la déclaration est une reconnaissance de leur rôle de sensibilisation au sujet de l’environnement, en s’appuyant sur des preuves scientifiques.
Question 2 :
Pensez-vous que les mesures adoptées lors de la COP30 soient suffisantes pour réduire la désinformation climatique dans les espaces médiatique et numérique ?
Réponse :
D’après lui, les décisions sont importantes, mais elles ne suffisent pas à elles seules. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est une mise en œuvre rigoureuse, ainsi qu’une coopération étroite entre les gouvernements, les institutions environnementales et les plateformes numériques. La désinformation climatique est devenue une véritable industrie, avec des budgets considérables. Faire face à un phénomène d’une telle ampleur nécessite donc des ressources, des stratégies de communication et une éducation scientifique continue des citoyens, et pas seulement des lois.
Question 3 :
Quels sont les principaux types de désinformation climatique que vous observez aujourd’hui, et comment la société civile peut-elle y faire face ?
Réponse :
Les formes les plus courantes comprennent le dénigrement de la science du climat, la surestimation de technologies encore immatures pour détourner l’attention de la réduction des émissions, ainsi que des campagnes visant à discréditer les militants climatiques. Ils observent aussi une autre tendance inquiétante : une augmentation de la désinformation au niveau local, souvent autour des enjeux écologiques, de la biodiversité et de la notion de « solution basée sur la nature ». Les enjeux sont complexes et liés : la biodiversité est à la fois victime et solution du changement climatique. La société civile peut y répondre en surveillant le discours public, en diffusant des données scientifiques simplifiées et accessibles, et en lançant des initiatives d’éducation, non seulement sur les questions climatiques mais aussi sur la biodiversité.
Question 4 :
Selon vous, quelles sont les mesures urgentes à mettre en œuvre après la COP30 pour traduire ses engagements en résultats concrets ?
Réponse :
Le fondateur de l’association affirme qu’il est nécessaire, avant tout, de mettre en place un système de suivi et d’exécution des décisions liées à la désinformation environnementale, puis d’intégrer l’éducation environnementale dans les programmes scolaires, et d’obliger les entreprises à publier des rapports transparents sur leur impact environnemental. Il faut également renforcer le journalisme scientifique, qui constitue la première ligne de défense contre toute campagne de désinformation. Il est important de noter que la Déclaration appelle les gouvernements à adopter des lois respectueuses des droits humains pour garantir la fiabilité de l’information sur le climat, protéger les journalistes et les chercheurs, faciliter l’accès aux données climatiques, financer la recherche sur la désinformation climatique, responsabiliser les plateformes numériques et renforcer l’éducation sur le climat. Leur association Solutions Nature propose des ateliers réunissant citoyens, chercheurs, journalistes et créateurs de contenus numériques. L’idée est simple : plus les citoyens seront sensibilisés et informés, plus ils chercheront des solutions conciliant développement et préservation du bien commun.
Mohammed TAFRAOUTI, écrivain, journaliste environnemental / Earth Network.



