Le manque de compétence et la bureaucratie du CRI de Marrakech freinent les projets d’investissement

Marrakech
Des acteurs économiques et observateurs locaux tirent la sonnette d’alarme face à la gestion du Centre Régional d’Investissement (CRI) de Marrakech-Safi, qu’ils accusent d’entraver sérieusement le développement des projets d’investissement à travers la région, en raison d’un manque de compétence, d’une absence de communication et de lourdeurs administratives persistantes.
Selon plusieurs témoignages, les usagers se heurtent à une attitude de désintérêt, de condescendance et de lenteur de la part du personnel du CRI, transformant cette institution censée accompagner les investisseurs en un obstacle majeur par ses pratiques bureaucratiques dépassées.
Et ce, malgré les instructions fermes du Wali de la région, M. Farid Chourak, qui a ordonné au directeur par intérim de prendre des mesures concrètes pour faciliter les démarches des investisseurs, résoudre leurs problèmes dans les meilleurs délais et renforcer leur accompagnement sur le terrain. Or, ces directives semblent ne pas être appliquées, soulevant des interrogations sur le sérieux de la direction actuelle du centre.
Dans ce contexte, le député Abdelaziz Derouich, membre du groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme, a interpellé le gouvernement au sujet des retards considérables dans la délivrance des autorisations de construire, désormais gérées par le CRI.
Dans une question écrite adressée au ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de l’Investissement, M. Karim Zaidane, le parlementaire a dénoncé la complexité croissante des procédures, qui constitue aujourd’hui un véritable frein pour les porteurs de projets nationaux et étrangers, les poussant parfois à geler ou abandonner leurs investissements.
Il a également souligné que le délai pour obtenir une autorisation de construire est passé de quelques semaines à près d’un an, en raison de l’enchevêtrement des démarches au sein du CRI. La prise de rendez-vous via la plateforme numérique prend plus de deux mois, avec des créneaux parfois fixés en dehors des horaires de travail, ce qui limite le contact avec les responsables concernés.
De plus, un seul fonctionnaire est chargé de recevoir les architectes et promoteurs, ce qui ralentit considérablement le traitement des dossiers. L’examen ou le rejet des projets repose sur un agent qui, selon Derouich, manque de maîtrise du droit de l’urbanisme, ce qui a conduit au rejet de dossiers pour des motifs qualifiés « d’illégaux et d’irréalistes », comme l’imposition du format 1/100 pour l’ensemble des plans, y compris ceux de masse et d’implantation.
Le processus d’instruction, quant à lui, s’étale sur plusieurs étapes longues : l’acceptation initiale prend plus de deux semaines, suivie par l’étude en commission, qui demande deux semaines supplémentaires sans date fixe. Ensuite vient l’attente de la signature du directeur du CRI, pouvant durer plus d’un mois, avant que le dossier ne soit transféré à la plateforme « Rokhas », où de nouvelles demandes de documents techniques et frais administratifs viennent allonger les délais de plusieurs mois.
Face à cette situation, le député a averti que de nombreux investisseurs risquent de se détourner de la région, ce qui nuirait à son développement économique. Il a ainsi appelé à des mesures urgentes pour accélérer le traitement des dossiers, simplifier les procédures et améliorer l’attractivité de la région conformément à la vision stratégique nationale.
Ces critiques surviennent alors que le Maroc s’apprête à accueillir des événements d’envergure internationale, tels que la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030, et ambitionne de renforcer sa compétitivité économique. Toutefois, la lenteur administrative au sein d’un pôle aussi stratégique que Marrakech risque de compromettre ces objectifs.