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La démocratie participative au Maroc: une approche communicationnelle des enjeux et des limites

Au cours des dernières décennies, la démocratie participative est devenue une pratique courante dans de nombreux pays du monde. Elle vise à renforcer la participation citoyenne dans les processus politiques et à améliorer la gouvernance en favorisant un dialogue ouvert et transparent entre les citoyens et les décideurs politiques. Au Maroc, la démocratie participative a également été introduite, mais elle rencontre plusieurs limites et enjeux, notamment en termes de communication. Dans cet essai, nous allons examiner la démocratie participative au Maroc sous l’angle de l’approche communicationnelle, en identifiant les limites et les enjeux auxquels elle est confrontée.

La démocratie participative au Maroc :

Au Maroc, la démocratie participative a été introduite en 2011, suite aux manifestations du mouvement du 20 février. Elle a été mise en place pour répondre aux demandes des citoyens en matière de participation démocratique et de gouvernance transparente. La démocratie participative a pris différentes formes au Maroc, telles que les consultations publiques, les forums de discussion, les conseils consultatifs et les comités de pilotage. Elle vise à favoriser la participation active des citoyens dans la prise de décision politique, notamment au niveau local. 
Sa Majesté le Roi Mohamed VI, lors de son discours à l’occasion du 18ème anniversaire de l’accession au Trône en 2019 s’est exprimé à ce sujet en disant que: « Le développement de la démocratie participative est une démarche engagée depuis plusieurs années déjà. Elle s’inscrit dans le cadre de la consolidation de l’Etat de droit, de la promotion de la bonne gouvernance et de la consolidation de la culture participative. Le renforcement de la participation citoyenne dans la gestion des affaires publiques, la promotion de la transparence et de la redevabilité, ainsi que la lutte contre la corruption, sont autant de chantiers sur lesquels nous travaillons. »

Les limites et enjeux de la démocratie participative au Maroc :

Malgré les efforts déployés par les autorités marocaines pour promouvoir la démocratie participative, cette pratique rencontre plusieurs limites et enjeux. Tout d’abord, les pratiques de communication sont souvent peu développées et peu adaptées aux besoins des citoyens. Les autorités utilisent principalement des canaux de communication traditionnels tels que les médias, qui ne sont pas toujours accessibles à tous les citoyens, notamment ceux qui vivent dans les zones rurales ou les quartiers défavorisés. De plus, les médias sont souvent contrôlés par le gouvernement, ce qui réduit la possibilité pour les citoyens de s’exprimer librement.
En outre, la participation citoyenne reste souvent limitée et concentrée sur une élite sociale restreinte. Les citoyens les plus vulnérables, tels que les femmes, les jeunes et les populations marginalisées, ont souvent peu accès à l’information et aux processus de participation. De plus, la participation citoyenne est souvent limitée dans la pratique, car les décisions finales sont souvent prises par les élites politiques sans réelle prise en compte des opinions et des recommandations des citoyens.
Enfin, la participation citoyenne est souvent considérée comme un exercice de consultation plutôt qu’un véritable processus de prise de décision partagée. Les citoyens peuvent être consultés mais sans garantie que leurs opinions soient prises en compte, ce qui peut conduire à un sentiment de frustration et de désengagement.

L’approche communicationnelle de la démocratie participative au Maroc :

La communication est au cœur de la démocratie participative. Elle permet de créer un dialogue entre les citoyens et les décideurs politiques, de favoriser la participation et l’engagement des citoyens, et de renforcer la transparence et la responsabilité de l’action publique. Cependant, au Maroc, la communication participative est confrontée à plusieurs défis, notamment en termes d’accessibilité et de pertinence. Les autorités doivent s’efforcer de développer des canaux de communication plus adaptés aux besoins des citoyens, en utilisant des moyens modernes tels que les réseaux sociaux et les plateformes en ligne. Il est également important de renforcer la transparence et l’accessibilité de l’information, afin que les citoyens disposent des informations nécessaires pour participer de manière éclairée aux processus de décision.
En outre, la communication participative au Maroc est confrontée à plusieurs limites. L’une des plus importantes est le manque de ressources et de compétences en matière de communication au sein des autorités provinciales et régionales. Cela peut conduire à des lacunes dans l’information transmise aux citoyens et à une incapacité à répondre efficacement à leurs demandes.
De plus, le manque d’infrastructures adéquates et de ressources technologiques peut limiter l’accessibilité de la communication participative pour les citoyens des zones rurales et éloignées. Les disparités socio-économiques entre les différentes régions du pays peuvent également avoir un impact sur la participation des citoyens.
Enfin, l’efficacité de la communication participative est étroitement liée à la volonté politique de la part des autorités. Si cette volonté est absente ou faible, la communication participative risque de rester un simple exercice de relations publiques plutôt qu’un véritable outil de participation citoyenne.
En conclusion, la communication participative est un élément essentiel de la démocratie participative au Maroc. Les enjeux liés à cette communication sont nombreux, mais les limites auxquelles elle est confrontée ne doivent pas être négligées. Pour que la démocratie participative soit efficace, il est nécessaire que les autorités provinciales et régionales renforcent leurs compétences et leurs ressources en matière de communication et qu’elles s’engagent pleinement à répondre aux demandes des citoyens.
Rachid AMADANE.
Journaliste, Chercheur en communication

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